Connaissez-vous l'histoire de la Caverne aux Brigands des Gorges d'Apremont ?
Rédaction TL²B
30.6.09
Quel visiteur n'a jamais entendu parler de la Caverne aux (des) brigands ?
Située dans les Gorges d'Apremont, non loin du village de Barbizon, elle se découvre en suivant le sentier bleu Denecourt n°6.
Son histoire mêle légende et fait dramatique. Voici donc un petit tour d'horizon des différentes publications autour de cette célèbre roche de notre patrimoine pour en savoir un peu plus. La caverne des brigands est donc située sur la parcelle 713. Il s'agit d'un passage sous la platière sommitale aménagé et élargi par Claude-François Denecourt probablement en 1844, date de son apparition sur les cartes forestières notamment celle dressée par Denecourt et Hardy en 1844). Denecourt, personnage atypique créateur des premiers sentiers touristiques (mais pas le seul) ne s'arrêtait pas à l'aménagement de ses sentiers. Il batissait autour des éléments les plus remarquables de véritables légendes quand celles-ci n'existaitent pas. C'est ce qui fit ici et, selon sa légende, sous le règne de Louis XV, la grotte aurait servi de repaire à une bande d'assassins, dont le chef était un dénommé Tissier.
Aisément accessible, elle constitue depuis cette époque un lieu très fréquenté de la forêt. Le limmonadier qui exploitait la buvette installée tout autour sur la platière était probablement le seul à connaître l'histoire de cette légende et on peut s'interroger s'il n'avait pas compris avant l'heure les principes du marketing ! Créée en 1857, la buvette sera exploité jusqu'à la Seconde guerre mondiale mais un petit chalet, en bas de la pente a pris le relais !
A cette époque, la forêt était aussi exploité par des guides, rémunérés aux pourboires, et qui, comme en montagne, avaient leur carnet de courses où les visiteurs inscrivaient leurs éloges ou reproches (pratique signalée de 1910 à 1950).
Aujourd'hui, le lieu est plus tranquille mais reste très fréquenté les week end. L'entrée de la grotte s'est partiellement comblée et il est devenu presque impossible de sortir par la deuxième issue... (à priori ce n'est plus le cas, voir dans les commentaires de l'article)
Mais l'histoire rattrape parfois les légendes ! En 1937, la grotte devient une véritable scène de crime, celui du meurtre de Janine Keller par Eugène Weidmann. Un meurtrier devenu célèbre car il est le dernier condamné à mort français à être exécuté en public le 17 juin 1939.
Un lieu si célèbre ne pouvait bien évidemment échapper aux photographes du début du XXe siècle et l'on trouve donc de nombreuse cartes postales de l'endroit.
Outre cette histoire, un autre ouvrage parle de cette drôle de Grotte. Il s'agit d'un livre rare : , édité en 1878, par Jules Hetzel !
Jules Hetzel (1814-1886) est, comme Denecourt, un précurseur. Editeur, photographe et auteur à ses jours, c'est à lui que l'on doit les premières publications périodiques pour la jeunesse ! Il s'associa avec Jules Verne avec qui il créa le "magasin d'éducation et de recréation -journal pour toute la famille-" sous le nom de "J.P. STAHL". Cette collection avait pour objectif la parution régulière d'ouvrages divers classés par genres et par tranches d'âges des lecteurs.
Pour Les Petits Robinsons de Fontainebleau, Hetzel, fit exécuter par Méaulle (célèbre pour ses illustrations des "Travailleurs de la mer" de Victor Hugo,) des gravures d'après ses propres clichés de la forêt de Fontainebleau (à l'époque, les plaques photographiques ne pouvaient pas servir à l'impression !) Ces clichés comptent donc parmi les plus anciens de cette forêt avec ceux de Cuvelier (1974).
Comme beaucoup d'auteurs de l'époque, Hetzel misait très certainement sur la célébrité des paysages de Fontainebleau pour assurer le succès commercial du livre. En voici quelques extraits... :
Son histoire mêle légende et fait dramatique. Voici donc un petit tour d'horizon des différentes publications autour de cette célèbre roche de notre patrimoine pour en savoir un peu plus. La caverne des brigands est donc située sur la parcelle 713. Il s'agit d'un passage sous la platière sommitale aménagé et élargi par Claude-François Denecourt probablement en 1844, date de son apparition sur les cartes forestières notamment celle dressée par Denecourt et Hardy en 1844). Denecourt, personnage atypique créateur des premiers sentiers touristiques (mais pas le seul) ne s'arrêtait pas à l'aménagement de ses sentiers. Il batissait autour des éléments les plus remarquables de véritables légendes quand celles-ci n'existaitent pas. C'est ce qui fit ici et, selon sa légende, sous le règne de Louis XV, la grotte aurait servi de repaire à une bande d'assassins, dont le chef était un dénommé Tissier.
Aisément accessible, elle constitue depuis cette époque un lieu très fréquenté de la forêt. Le limmonadier qui exploitait la buvette installée tout autour sur la platière était probablement le seul à connaître l'histoire de cette légende et on peut s'interroger s'il n'avait pas compris avant l'heure les principes du marketing ! Créée en 1857, la buvette sera exploité jusqu'à la Seconde guerre mondiale mais un petit chalet, en bas de la pente a pris le relais !
A cette époque, la forêt était aussi exploité par des guides, rémunérés aux pourboires, et qui, comme en montagne, avaient leur carnet de courses où les visiteurs inscrivaient leurs éloges ou reproches (pratique signalée de 1910 à 1950).
Aujourd'hui, le lieu est plus tranquille mais reste très fréquenté les week end. L'entrée de la grotte s'est partiellement comblée et il est devenu presque impossible de sortir par la deuxième issue... (à priori ce n'est plus le cas, voir dans les commentaires de l'article)
Mais l'histoire rattrape parfois les légendes ! En 1937, la grotte devient une véritable scène de crime, celui du meurtre de Janine Keller par Eugène Weidmann. Un meurtrier devenu célèbre car il est le dernier condamné à mort français à être exécuté en public le 17 juin 1939.
Un lieu si célèbre ne pouvait bien évidemment échapper aux photographes du début du XXe siècle et l'on trouve donc de nombreuse cartes postales de l'endroit.
Outre cette histoire, un autre ouvrage parle de cette drôle de Grotte. Il s'agit d'un livre rare : , édité en 1878, par Jules Hetzel !
Jules Hetzel (1814-1886) est, comme Denecourt, un précurseur. Editeur, photographe et auteur à ses jours, c'est à lui que l'on doit les premières publications périodiques pour la jeunesse ! Il s'associa avec Jules Verne avec qui il créa le "magasin d'éducation et de recréation -journal pour toute la famille-" sous le nom de "J.P. STAHL". Cette collection avait pour objectif la parution régulière d'ouvrages divers classés par genres et par tranches d'âges des lecteurs.
Pour Les Petits Robinsons de Fontainebleau, Hetzel, fit exécuter par Méaulle (célèbre pour ses illustrations des "Travailleurs de la mer" de Victor Hugo,) des gravures d'après ses propres clichés de la forêt de Fontainebleau (à l'époque, les plaques photographiques ne pouvaient pas servir à l'impression !) Ces clichés comptent donc parmi les plus anciens de cette forêt avec ceux de Cuvelier (1974).
Comme beaucoup d'auteurs de l'époque, Hetzel misait très certainement sur la célébrité des paysages de Fontainebleau pour assurer le succès commercial du livre. En voici quelques extraits... :
"Avertissement (de l'auteur)
Le but des auteurs de ce petit livre n'a pas été seulement de raconter les aventures de Pierre et de Jean dans la forêt de Fontainebleau, mais de tirer parti de ces aventures mêmes pour faire passer sous les yeux de nos lecteurs les points les plus remarquables de la célèbre forêt. Pour y arriver, il n'a pas toujours été possible de suivre un itinéraire logique, Pierre et Jean auraient eu trop à faire si leurs courses avaient dû les conduire partout à la fois dans la même journée, dans une forêt qui ne comprend pas moins de 8o kilomètres de circonvallation et 200 myriamètres de routes, chemins et sentiers se croisant, s'entremêlant et se dirigeant dans tous les sens.Ce n'est point la carte en main qu'on suivra un itinéraire qui est forcément de fantaisie et n'a pu tenir aucun compte des distances réelles.
Ce qui n'est pas de fantaisie, c'est`d'une part le fond même de la petite histoire que nous offrons à nos jeunes lecteurs, et ce qui est vrai d'une incontestable vérité, c'est la représentation des vingt-deux points de la forêt que, nous mettons sous leurs yeux. Ils ont été gravés, par M. J. Méaulle, deux d'après deux compositions de Bodmer et vingt d'après des photographies prises sur nature dont nous pouvons certifier l'exactitude.
STAHL .
Chapitre XVI
Il faut leur rendre cette justice qu'ils prirent leur course comme si leurs jambes n'avaient eu jusque-là aucune fatigue à endurer. Arrivés à cent pas de la chaîne des rochers qu'ils avaient en vue, Pierre déclara à Jean qu'il apercevait un grand trou,, une grande excavation dans les roches, et que, pour le coup, ils pourraient bien avoir à eux tout seuls une grotte cent fois; plus belle que celle que Robinson avait jamais pu découvrir dans son île.
Mais il y avait entre eux et Robinson cette différence que personne ne pouvait disputer à Robinson l'usage de sa grotte dans son île, puisqu'elle était pour de bon déserte, tandis qu'à l'entrée de leur future caverne les deux enfants aperçurent soudain, et non sans épouvante, un grand homme a grande barbe et de très-mauvaise mine, qui tout d'un coup s'était posté à l'entrée comme pour la barrer à tout autre.
Un homme de cet aspect là ne pouvait bien sûr être qu'un malfaiteur ; les deux enfants terrifiés ne pensèrent plus à rien sinon à se dérober à sa vue, et contournant les rochers d'un mouvement rapide, ils prirent à revers les fameuses grottes d'Apremont car tout nous porte à croire que ce sont ces grottes-là qui donnaient asile à l'homme à air farouche qui les avait tant alarmés, et que le brigand de Pierre et Jean n'était autre qu'un braconnier surpris comme eux par ce déluge.
Le but des auteurs de ce petit livre n'a pas été seulement de raconter les aventures de Pierre et de Jean dans la forêt de Fontainebleau, mais de tirer parti de ces aventures mêmes pour faire passer sous les yeux de nos lecteurs les points les plus remarquables de la célèbre forêt. Pour y arriver, il n'a pas toujours été possible de suivre un itinéraire logique, Pierre et Jean auraient eu trop à faire si leurs courses avaient dû les conduire partout à la fois dans la même journée, dans une forêt qui ne comprend pas moins de 8o kilomètres de circonvallation et 200 myriamètres de routes, chemins et sentiers se croisant, s'entremêlant et se dirigeant dans tous les sens.Ce n'est point la carte en main qu'on suivra un itinéraire qui est forcément de fantaisie et n'a pu tenir aucun compte des distances réelles.
Ce qui n'est pas de fantaisie, c'est`d'une part le fond même de la petite histoire que nous offrons à nos jeunes lecteurs, et ce qui est vrai d'une incontestable vérité, c'est la représentation des vingt-deux points de la forêt que, nous mettons sous leurs yeux. Ils ont été gravés, par M. J. Méaulle, deux d'après deux compositions de Bodmer et vingt d'après des photographies prises sur nature dont nous pouvons certifier l'exactitude.
STAHL .
Chapitre XVI
Il faut leur rendre cette justice qu'ils prirent leur course comme si leurs jambes n'avaient eu jusque-là aucune fatigue à endurer. Arrivés à cent pas de la chaîne des rochers qu'ils avaient en vue, Pierre déclara à Jean qu'il apercevait un grand trou,, une grande excavation dans les roches, et que, pour le coup, ils pourraient bien avoir à eux tout seuls une grotte cent fois; plus belle que celle que Robinson avait jamais pu découvrir dans son île.
Mais il y avait entre eux et Robinson cette différence que personne ne pouvait disputer à Robinson l'usage de sa grotte dans son île, puisqu'elle était pour de bon déserte, tandis qu'à l'entrée de leur future caverne les deux enfants aperçurent soudain, et non sans épouvante, un grand homme a grande barbe et de très-mauvaise mine, qui tout d'un coup s'était posté à l'entrée comme pour la barrer à tout autre.
Un homme de cet aspect là ne pouvait bien sûr être qu'un malfaiteur ; les deux enfants terrifiés ne pensèrent plus à rien sinon à se dérober à sa vue, et contournant les rochers d'un mouvement rapide, ils prirent à revers les fameuses grottes d'Apremont car tout nous porte à croire que ce sont ces grottes-là qui donnaient asile à l'homme à air farouche qui les avait tant alarmés, et que le brigand de Pierre et Jean n'était autre qu'un braconnier surpris comme eux par ce déluge.
Chapitre XIX
Marie le regarda avec un air de surprise qui se changea en une sorte de colère quand elle les eut reconnus.
" Je pleure, leur répondit-elle d'une voix brève, je pleure parce que les deux plus méchants écoliers de mon père se sont enfuis de leur maison et que mon père a voulu se joindre à leurs parents pour battre la forêt et les retrouver. Tout le pays est en émoi rien que pour eux. Les gens qui sont à leur recherche et mon père qui est à leur tête sont convenus qu'après avoir fouillé jusqu'ici ils se retrouveraient, à une heure qui est à présent bien passée, près de l'entrée de la caverne des Brigands. Inquiète pour mon père parce que l'orage était dans l'air, j'ai obtenu de lui d'aller l'attendre au rendez-vous. Il y a deux heures que je l'attends ; s'il n'est pas là, lui toujours si exact, c'est qu'il lui est arrivé malheur. Voilà pourquoi je pleure, et vous savez la faute à qui si j'ai une raison pour pleurer."
Pierre et Jean baissèrent la tête devant ces reproches mérités. Mais Pierre sentit que la seule manière de bien montrer son repentir, c'était de tout faire pour réparer sa faute. Il obtint de Marie quelques explications sur le chemin qu'avait pu suivre M. Patoche et se mit en route avec Jean, très-décidé à le ramener à sa fille.
En les voyant partir, la pauvre Marie remua la tête de l'air d'une personne qui n'espérait rien de tels auxiliaires.
" La pluie a rendu les rochers glissants, se disait-elle. Père, qui ne craint jamais rien, aura été trop prompt, trop hardi. Pour qu'il ne soit pas là quand il sait que je l'y attends, il faut qu'il ait fait une chute grave. Ah ! si je ne lui avais pas promis de ne pas bouger d'ici, il y a longtemps que je serais à sa recherche."
Malheureusement les pressentiments de la pauvre Marie ne l'avaient pas trompée. Pierre et Jean n'avaient pas fait deux cents pas de l'autre côté des rochers qu'ils aperçurent le corps inanimé de M. Patoche au pied d'un grand rocher (la Roche qui pleure).
Chapitre XXII et fin
Cinq minutes après, M. Patoche arrivait non pas dans la charrette, mais porté à bras sur une litière. Pendant que Pierre et Jean étaient allés prévenir Marie, les gens de .Bois-le-Roi, le père et la mère de Pierre qui croyaient .rejoindre M. Patoche à la caverne des Brigands, l'avaient rencontré bien embarrassé de se hisser sur la charrette, et tous avaient déclaré qu'il valait mieux qu'il fit le trajet sur une litière, où il n'aurait pas à craindre d'être secoué comme il l'eût été en voiture. On remercia le brave charretier .et on s'achemina, en passant par Barbizon, vers Bois-le-Roi.
Pierre et Jean suivaient en pleurant M. Patoche qui ne parvenait pas à les consoler.
" Non, non, s'écriaient-ils à qui mieux mieux, si vous souffrez, c'est notre faute!
- Si Nous vous corrigez, répondait le brave M. Patoche, je remercierai Dieu de m'avoir envoyé, mon entorse."
Au bout d'un mois, M. Patoche, qui les avait eus pour gardes-malades, s'applaudissait de la conduite de ses deux élèves. Il affirmait au père de Pierre que son ; fils et son neveu seraient chacun à sa façon, de braves garçons, en quoi il ne se trompait pas. Pierre ne pense plus à être Robinson, il ne menace plus Jean de le traiter, comme un Nègre ; mais son amour des bois lui est resté il est devenu un de nos plus célèbres paysagistes, et Jean est à l'heure qu'il, est le fermier le plus huppé de la contrée. Il aime la terre pour la cultiver et les bois pour les aménager et en tirer de bons produits - en quoi il ne faut pas le blâmer - car si l'art est beau, l'industrie est utile. C'est à chacun de ne pas se tromper sur sa vocation et d'aller soit à l'un, soit à l'autre, selon ses aptitudes.
Sources (sélection) :
dictionnaire historique et artistique de la forêt de Fontainebleau / Herbet, 1903 en ligne sur le site de l'AAFF.
Fontainebleau : une forêt de légendes et de mystères / Hervet et Mérienne, 2004.
Guide Joanne, 1857, 1910.
Guide bleu, 1950.
Les petits Robinsons de Fontainebleau / par Hetzel, illustré par Méaulle, 1878 en ligne sur le site de l'AAFF
Marie le regarda avec un air de surprise qui se changea en une sorte de colère quand elle les eut reconnus.
" Je pleure, leur répondit-elle d'une voix brève, je pleure parce que les deux plus méchants écoliers de mon père se sont enfuis de leur maison et que mon père a voulu se joindre à leurs parents pour battre la forêt et les retrouver. Tout le pays est en émoi rien que pour eux. Les gens qui sont à leur recherche et mon père qui est à leur tête sont convenus qu'après avoir fouillé jusqu'ici ils se retrouveraient, à une heure qui est à présent bien passée, près de l'entrée de la caverne des Brigands. Inquiète pour mon père parce que l'orage était dans l'air, j'ai obtenu de lui d'aller l'attendre au rendez-vous. Il y a deux heures que je l'attends ; s'il n'est pas là, lui toujours si exact, c'est qu'il lui est arrivé malheur. Voilà pourquoi je pleure, et vous savez la faute à qui si j'ai une raison pour pleurer."
Pierre et Jean baissèrent la tête devant ces reproches mérités. Mais Pierre sentit que la seule manière de bien montrer son repentir, c'était de tout faire pour réparer sa faute. Il obtint de Marie quelques explications sur le chemin qu'avait pu suivre M. Patoche et se mit en route avec Jean, très-décidé à le ramener à sa fille.
En les voyant partir, la pauvre Marie remua la tête de l'air d'une personne qui n'espérait rien de tels auxiliaires.
" La pluie a rendu les rochers glissants, se disait-elle. Père, qui ne craint jamais rien, aura été trop prompt, trop hardi. Pour qu'il ne soit pas là quand il sait que je l'y attends, il faut qu'il ait fait une chute grave. Ah ! si je ne lui avais pas promis de ne pas bouger d'ici, il y a longtemps que je serais à sa recherche."
Malheureusement les pressentiments de la pauvre Marie ne l'avaient pas trompée. Pierre et Jean n'avaient pas fait deux cents pas de l'autre côté des rochers qu'ils aperçurent le corps inanimé de M. Patoche au pied d'un grand rocher (la Roche qui pleure).
Chapitre XXII et fin
Cinq minutes après, M. Patoche arrivait non pas dans la charrette, mais porté à bras sur une litière. Pendant que Pierre et Jean étaient allés prévenir Marie, les gens de .Bois-le-Roi, le père et la mère de Pierre qui croyaient .rejoindre M. Patoche à la caverne des Brigands, l'avaient rencontré bien embarrassé de se hisser sur la charrette, et tous avaient déclaré qu'il valait mieux qu'il fit le trajet sur une litière, où il n'aurait pas à craindre d'être secoué comme il l'eût été en voiture. On remercia le brave charretier .et on s'achemina, en passant par Barbizon, vers Bois-le-Roi.
Pierre et Jean suivaient en pleurant M. Patoche qui ne parvenait pas à les consoler.
" Non, non, s'écriaient-ils à qui mieux mieux, si vous souffrez, c'est notre faute!
- Si Nous vous corrigez, répondait le brave M. Patoche, je remercierai Dieu de m'avoir envoyé, mon entorse."
Au bout d'un mois, M. Patoche, qui les avait eus pour gardes-malades, s'applaudissait de la conduite de ses deux élèves. Il affirmait au père de Pierre que son ; fils et son neveu seraient chacun à sa façon, de braves garçons, en quoi il ne se trompait pas. Pierre ne pense plus à être Robinson, il ne menace plus Jean de le traiter, comme un Nègre ; mais son amour des bois lui est resté il est devenu un de nos plus célèbres paysagistes, et Jean est à l'heure qu'il, est le fermier le plus huppé de la contrée. Il aime la terre pour la cultiver et les bois pour les aménager et en tirer de bons produits - en quoi il ne faut pas le blâmer - car si l'art est beau, l'industrie est utile. C'est à chacun de ne pas se tromper sur sa vocation et d'aller soit à l'un, soit à l'autre, selon ses aptitudes.
Sources (sélection) :
dictionnaire historique et artistique de la forêt de Fontainebleau / Herbet, 1903 en ligne sur le site de l'AAFF.
Fontainebleau : une forêt de légendes et de mystères / Hervet et Mérienne, 2004.
Guide Joanne, 1857, 1910.
Guide bleu, 1950.
Les petits Robinsons de Fontainebleau / par Hetzel, illustré par Méaulle, 1878 en ligne sur le site de l'AAFF
Libellés : Apremont, Cartophilie, DOCUMENTATION, historique, LIVRE, monument, RANDO, Sentier bleu, XIXe, XXe
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